03.06.2024
Le week-end du Grand Prix de Monaco a vu des signes de progrès pour BWT Alpine F1 Team. Pierre Gasly a atteint la Q3 avant d’inscrire un point à l’issue d’un dimanche après-midi sans le moindre changement entre le top dix sur la grille et celui au drapeau à damier, un fait inédit dans l’histoire de la Formule 1.
Au cœur de ce beau travail d’équipe, un héros méconnu a joué un rôle important dans le résultat final.
Le pilote de réserve Jack Doohan a fourni un effort herculéen pour perfectionner les réglages de l’A524 au simulateur d’Enstone jusqu’aux petites heures du samedi avant de rentrer à Monaco. Son action a porté ses fruits avec une amélioration des performances en EL3, puis en qualifications.
Dans son poste de réserviste, Jack voyage avec l’écurie sur toutes les courses, mais sur les manches européennes, il peut travailler à Enstone le vendredi avant d’aller sur les circuits le samedi, où il se tient prêt à prendre le volant en cas de besoin.
La particularité de ce week-end monégasque résidait dans le fait qu’il était présent le jeudi et le vendredi matin en Principauté, où il vit, avant de se rendre au Royaume-Uni pour une session plus longue que d’habitude.
« Je serai au simulateur pour tous les rendez-vous européens », explique-t-il. « Nous avons eu le premier de l’année à Imola, donc c’était la première fois que j’y retournais. Monaco était une situation complètement différente de ce dont je suis habitué, surtout avec une nuit blanche entre vendredi et samedi soir ! J’ai pris l’avion vendredi midi de Nice à Heathrow. Je suis arrivé à Enstone à 14h50. Notre séance a commencé à 16h00 et nous y sommes restés jusqu’à ce que notre liste de tâches soit bouclée. J’étais dans le simulateur pendant près de neuf heures. Je fais des pauses de dix minutes, donc il y a dû y en avoir trois durant ce laps de temps comme j’y reste habituellement pendant plusieurs heures à la fois. »
Le vendredi n’avait pas été simple pour l’écurie. Esteban et Pierre étaient dix-huitième et vingtième des EL1, ce dernier ayant perdu du temps de roulage en raison d’un problème de wastegate. Les deux pilotes étaient ensuite quatorzième et dix-septième des EL2.
Au moment où les ingénieurs analysaient les chiffres en piste, Jack accumulait les tours de Monaco, d’abord avec les réglages employés vendredi, puis en expérimentant des directions alternatives. Grâce à l’équipe du simulateur, il était en contact permanent avec le personnel présent sur le circuit.
« Ils reçoivent comme un e-mail ouvert pendant la séance », détaille-t-il. « Pour faire simple, tout va directement aux ingénieurs sur le circuit. C’est un aperçu de notre session dans son entièreté et de tout notre temps au simulateur, couvrant les avantages, les inconvénients, des résumés sommaires, et bien plus encore. »
Les opinions de Jack sur l’impact des changements de réglages guident la prise de décisions, donc l’équipe a pleinement confiance en son point de vue.
« C’est très important qu’ils me fassent confiance », poursuit Jack. « Toute cela permet de prendre des décisions sur ce qui fonctionne ou non. C’est bien de voir qu’ils peuvent me faire confiance, qu’ils ont cette confiance, et que ce que je dis fonctionne. »
Avec de nombreuses idées à essayer, Jack a travaillé tard dans la nuit avant de rentrer à Monaco.
« J’étais au simulateur jusqu’à deux heures du matin environ », dit-il. « Puis j’ai eu un transfert à 3h00 vers Heathrow. J’ai pris l’avion à 6h00 pour rentrer à Nice et j’étais sur le circuit à temps pour la réunion de 10h00 ! »
Grâce à cette fin tardive et à son vol matinal, Jack est arrivé pratiquement sans sommeil, mais une journée de travail en piste l’attendait encore.
« C’est plutôt difficile de ne pas devenir un robot après 180 tours de Monaco ! », concède-t-il. « En revenant directement dans le bain, je n’ai pas eu le temps de penser à autre chose. Pour être honnête, je ne me sentais pas trop mal, mais j’avais hâte de passer une bonne nuit de sommeil ! »
Les meilleurs réglages issus de son travail au simulateur ont été appliqués aux monoplaces pour les EL3. Les résultats ne tardèrent pas à être évidents, avec la onzième place de Pierre et l’A524 apparaissant désormais comme une prétendante à la Q3.
Pierre s’est alors classé huitième en Q1 avant une superbe cinquième position en Q2, puis il a pris le dixième rang sur la grille. Esteban le talonnait en onzième place.
« Jack a fait de l’excellent travail au simulateur », confiait Pierre après la séance. « Il est arrivé avec de tout petits yeux, mais je lui ai dit que cela avait été très utile pour certaines directions que je souhaitais avec la voiture. Et il vient de confirmer ces sensations avec ses efforts. »
Pierre a converti cette dixième place sur la grille en un point dimanche après-midi, un résultat soulignant le travail acharné de Jack.
« Je me dévoue et je suis volontaire pour le faire, surtout lorsque cela nous apporte un tel résultat », conclut-il. « Nous sommes passés d’une voiture un peu difficile vendredi à une monoplace en Q3 samedi après-midi. C’était donc incroyable et cela en vaut vraiment la peine. C’était formidable de contribuer à un point et à la première Q3 de l’équipe, surtout sur un circuit qui ne nous était pas particulièrement favorable. »