Essoufflé après avoir monté les escaliers du paddock de la Formule 1 sur le Circuit des frères Rodríguez ? Il pourrait être facile de remettre en question votre forme physique. En réalité, l’oxygène raréfié ce week-end au Grand Prix de Mexico sera le seul coupable… Et tout le monde sera affecté !

 

 

Nichée à 2240 mètres, Mexico est l’une des capitales les plus hautes de la planète. Son atmosphère offre une pression atmosphérique réduite d’environ 25 % (soit un quart d’oxygène en moins), d’où un défi de taille. Pas seulement pour nos pilotes, Esteban Ocon et Pierre Gasly, mais aussi pour les ingénieurs d’Alpine. En se rendant sur la piste mexicaine, le but sera de se préparer à l’impact de l’altitude sur les voitures, les groupes propulseurs, les freins et l’aérodynamisme.

 

 

Cette donnée avait encore plus d’impact à l’époque des moteurs atmosphériques qu’aujourd’hui avec les blocs turbocompressés 1,6 l. Pour compenser la densité réduite de l’air, les turbos doivent toutefois travailler beaucoup plus dur et à des vitesses plus élevées pour forcer toujours plus d’air dans le moteur. Les performances moindres se traduisent aussi par moins de gaz d’échappement, et donc moins de récupération d’énergie avec le MGU-H et une efficience d’autant plus diminuée.

 

 

Le refroidissement est un autre facteur crucial lié à l’altitude. L’air plus rare affecte la capacité de refroidissement du moteur et de la boîte de vitesses. Voilà pourquoi chaque équipe ajoutera des ouvertures ou des persiennes sur sa carrosserie pour la gestion du flux d’air, notamment autour des pontons du radiateur et du capot moteur. Si cela permet de contrôler les températures, cela peut générer plus de traînée et compromettre les performances aérodynamiques.

 

 

Les freins sont également un élément demandant plus de refroidissement, en particulier avec les lignes droites du circuit mexicain de 4,3 km. La principale menant au premier virage est la plus longue de la saison (811 mètres) et se conclut par l’un des freinages les plus brutaux de l’année avant un enchaînement de courbes lentes. Il est donc capital de maintenir les freins dans leur plage optimale de température.

 

 

L’un des aspects les plus curieux de l’altitude est son effet sur les réglages aérodynamiques. Le Circuit des frères Rodríguez nécessiterait typiquement une configuration à appuis faibles ou moyens s’il était situé au niveau de la mer. Cependant, la raréfaction de l’oxygène rend les ailerons moins efficaces pour pousser la monoplace sur la surface de la piste. Par conséquent, les écuries utiliseront les niveaux maximums d’appuis avec de grands ailerons avant et des volets braqués à l’arrière, des réglages généralement aperçus sur des tracés urbains étroits comme Monaco.

 

 

La traînée plus faible causée par la diminution de la pression atmosphérique est propice à d’incroyables vitesses de pointe, comme nous l’avons vu en 2016 avec une voiture flashée à 372,5 km/h dans la ligne droite des stands. Avec toutes ces variables à équilibrer, le Grand Prix de Mexico est un défi unique d’ingénierie. De quoi couper le souffle…