La logistique derrière trois courses consécutives

 

Ce week-end à Silverstone, les fans verront nos voitures prendre place au sein de leur garage bien équipé alors que le quartier général de course et l’hospitalité se trouvent respectivement derrière le box et dans le paddock.

 

 

Cette installation impressionnante est la même sur chaque événement en Europe. Le processus par lequel tout arrive sur les circuits est néanmoins loin d’être simple, surtout lorsqu’il s’agit de la troisième épreuve en autant de semaines, comme c’est le cas du Grand Prix de Grande-Bretagne.

 

 

L’ensemble de nos infrastructures a dû être transporté par la route de Barcelone à Spielberg, puis à Silverstone dans le cadre d’une opération incroyablement complexe ne laissant que peu de marge en matière de temps.

 

 

« On pourrait croire que l’Europe est plus facile comme nous sommes proches de chez nous et que nous prenons la route », confie Rob Cherry, directeur de l’équipe de course. « Je peux toutefois dire en toute honnêteté que Las Vegas, le Qatar et Abu Dhabi sont des promenades de santé en comparaison. Le processus est tellement simple : votre fret est emballé le dimanche soir, il est envoyé à un aéroport et expédié par avion. Cela peut représenter un vol de dix-huit heures. C’est donc une livraison plutôt bien contrôlée. Et nous recommençons après l’atterrissage. En Europe, c’est une autre histoire ! »

 

 

Comme indiqué, les installations utilisées en Europe comprennent trois zones distinctes : les garages des voitures, le quartier général de course avec les bureaux d’ingénierie derrière les stands, et enfin l’hospitalité.
Cette dernière est encore surnommée « motor-home » par beaucoup dans le paddock même si l’époque du véhicule unique et de son auvent est révolue depuis bien longtemps.

 


« Le motor-home et le QG voyagent à bord d’une flotte de camions », explique Rob. « Il y a aussi les quatre camions de l’équipe, dans lesquels sont transportés les monoplaces, les pièces détachées et l’équipement. Nous en avons également un autre pour notre groupe propulseur. Nous faisons appel à un prestataire afin de gérer les camions pour l’équipement. Nous avons nos sets de fret maritime lors des épreuves au bout du monde, et tous ces objets volumineux comme le muret des stands, le garage et le bureau des ingénieurs, que nous transportons habituellement par la mer, y finissent. »

 

 

Après les premières étapes européennes de la saison à Imola et Monaco, la plupart de ces véhicules sont restés sur le continent, le camion du groupe propulseur ayant fait son retour à Viry alors que le reste de la flotte était dans un parking sécurisé.

 

 

Seuls les camions de l’équipe de course sont retournés à notre base d’Enstone pour expédier leur contenu au Canada. Les préparatifs pour la première manche de cette triplette étaient donc un peu plus calmes. Pendant que l’équipe de course était à Montréal, il y avait suffisamment de temps pour transporter les motor-homes et le QG en Espagne et procéder à leur installation dans le paddock.

 

 

« Bien qu’ils appartiennent à Alpine, ils sont gérés et mis en place par des entreprises sous contrat », détaille Rob. « En fin de compte, nous sommes là pour diriger le tout, mais ils fournissent le personnel et les ressources, plutôt que des collaborateurs d’Alpine. »

 

 

Après le retour du fret aérien de Montréal et la révision intégrale des A524 à Enstone, les quatre camions de l’équipe se sont rendus à Barcelone pour rejoindre le reste de la flotte. Le rythme s’est élevé au moment de partir pour l’Autriche, et ce dès la fin du week-end de course en Espagne compte tenu des contraintes de temps.

 

 

« Nous désassemblerons toutes les voitures sur le circuit », poursuit Rob. « Les pièces retournent ensuite au Royaume-Uni dans des camionnettes, et c’est ainsi que nous faisons en sorte que tout reste en Europe comme nous pouvons transporter les choses individuellement pour les révisions, réparations ou remplacements. »

 

 

Pendant ce temps, l’activité était effrénée : le garage, le motor-home et le quartier général devaient être emballés et expédiés au Red Bull Ring.

 

 

« Il y a 1 600 kilomètres entre Barcelone et l’Autriche », explique Rob. « Tout ce qui était installé dimanche a dû être démonté, transporté par la route et réinstallé en Autriche. Nos week-ends commencent le mercredi. C’est là que débute l’assemblage de la voiture, mais aussi le travail des ingénieurs. C’est donc une tâche immense. »

 

 

Les camions partis de l’Espagne vers l’Autriche ont fait un arrêt en cours de route. Avec des horaires strictement réglementés pour travailler, les premiers chauffeurs ont été relayés par des remplaçants à des points de rendez-vous spécifiques, garantissant ainsi que les véhicules pouvaient continuer sans perdre de temps.

 

 

« Il n’est pas simple d’avoir un plan de rotation des chauffeurs », concède Rob. « Cela augmente le nombre de personnes nécessaires pour déplacer notre flotte. »
Un camion supplémentaire pour l’équipement est parti tôt d’Enstone pour le Red Bull Ring afin d’offrir une longueur d’avance à l’équipe dans la construction du garage avant l’arrivée de la flotte en provenance d’Espagne.

 

 

« Un camion de matériel de garage en provenance du Royaume-Uni est arrivé en Autriche dimanche », explique Rob. « Le reste vient de Barcelone. Certains sont arrivés lundi soir, et le reste mardi matin. »
Acheminer le tout par la route n’est qu’un défi. L’installer sur le circuit suivant dans un laps de temps limité, avec toutes les autres écuries essayant de décharger leurs véhicules dans le paddock et la voie des stands, en est un autre.

 


« Vous devez courir jour et nuit pour finir le travail », explique Rob. « Il n’y a aucune restriction sur nos horaires pendant l’événement, mais les ressources humaines ont évidemment leurs limites. Il s’agit donc de mettre en place des équipes de jour et d’autres de nuit, et j’essaie tout simplement de le faire de la manière la plus sûre possible. Les gens peuvent se fatiguer, et dans un environnement où ils travaillent en hauteur et avec de l’équipement lourd, il faut être très prudent et ne pas s’écarter des règles sécuritaires et sanitaires. »

 

 

Habituellement, les premiers véhicules à quitter un site et à arriver sur le suivant sont les camions transportant les voitures et les pièces de rechange. Il y a aussi ceux avec l’équipement du garage, car ils peuvent être emballés dans la voie des stands avant que le motor-home et le quartier général, plus complexes, ne soient prêts à voyager.

 

 

« Cette équipe de chauffeurs met ensuite notre garage en place », explique Rob. « Ils déchargent le tout et ils savent où mettre les choses pour commencer à installer nos installations. Je suppose que cela semble évident, mais si vous videz tous les camions, vous finissez par trébucher sur tout. Nous devons donc avoir une structure sur la façon dont nous déchargeons et planifions notre construction. »

 

 

Les dimensions et la disposition des stands sur chaque circuit ne sont jamais identiques : « Tous les plans des garages sont faits à l’avance. Nous disposons de dessins et de schémas montrant où tout doit être, que cela soit nos infrastructures électriques, nos armoires et nos zones de travail. C’est le fruit d’une réflexion intense. »
Le dimanche soir en Autriche, tout l’exercice de désassemblage et d’emballage a été renouvelé pour le voyage vers Silverstone.

 

 

« Non seulement nous sommes encore à 1 600 kilomètres et nous devons refaire exactement la même chose, mais nous devons également traverser la Manche, avec des retards potentiels sur les trains d’Eurotunnel, etc. », explique Rob.

 

 

Depuis l’Autriche, les camions se sont rendus à Reims, où de nouvelles équipes de chauffeurs les attendaient pour prendre le relais jusqu’à Silverstone, s’assurant de ne pas perdre de temps une fois que leurs confrères avaient épuisé leurs heures. Après s’être reposés, les premiers chauffeurs retournent au Royaume-Uni dans les minibus avec lesquels leurs collègues sont arrivés.
Avec les contrôles supplémentaires depuis le Brexit, le passage de la frontière franco-britannique est devenu plus complexe sur le plan administratif.

 

 

« Les camions de notre équipe sont basés au Royaume-Uni et nous disposons de la documentation nécessaire », détaille Rob. « C’est toutefois l’inverse avec le motor-home et le quartier général, basés en Europe. Dans les faits, nous les importons. Nous rentrons à la maison, mais ils entrent dans le pays ! Il y a donc une série d’obstacles à franchir. Je pense que c’est assez courant dans la voie des stands. Il y a une course en Angleterre, toutes les autres sont en Europe. Il suffit de placer les choses à l’endroit le plus efficace, car les coûts sont évidemment cruciaux pour tout le monde aujourd’hui. Nous prenons également en compte l’impact environnemental. Vous réduisez votre kilométrage autant que possible en utilisant autant de camions. Et l’efficience sur le plan du temps est un autre point important. »

 

 

Compte tenu des contraintes de temps, même les véhicules transportant les voitures de course se rendent directement à Silverstone sans passer par Enstone. Le processus de préparation des monoplaces se déroule sur le circuit, tout comme entre l’Espagne et l’Autriche.

 

 

« D’ici mardi, l’installation du garage sera terminée », déclare Rob. « C’est très robuste et reproductible. Nous savons que nous serons toujours prêts le mardi et que nous pourrons donc commencer le travail mercredi. »
À ce stade, la plupart des membres de notre équipe impliqués dans le déplacement du tout auront enchaîné durant trois semaines sans trop de pauses.

 

 

« C’est vraiment difficile, surtout pour les gens qui ne peuvent pas bénéficier d’une journée de repos », admet Rob. « Nous essayons, dans la mesure du possible, de garantir qu’un minimum de personnes travaille en permanence. Quelques-uns qui doivent le faire, mais nous effectuons un maximum de rotations pour leur donner un jour de congé. C’est une tâche difficile. »
Silverstone étant la dernière course de cette triplette, le rythme sera un peu moins effréné dimanche soir et lundi matin. Le répit sera toutefois de courte durée avant deux nouvelles épreuves consécutives en Hongrie et en Belgique, où tout le processus sera à recommencer.

 

 

« Il y aura une pause d’une semaine avant de commencer notre prochaine doublette », explique Rob. « Des essais avec Pirelli sont néanmoins venus s’ajouter pour prolonger légèrement le voyage à Spa. Nous entrerons ensuite dans la pause estivale. »