Si le double podium d’Esteban et Pierre à Interlagos reste toujours le point culminant de notre saison 2024, la cinquième place de ce dernier le week-end passé au Qatar était aussi une performance remarquable, et potentiellement cruciale.

 

 

Les dix unités inscrites par Pierre dimanche en course nous ont redonné l’avantage sur Haas dans la bataille pour la sixième position du championnat alors que nos rivaux avaient pris l’ascendant la veille lors du Sprint.
Comme au Brésil, la combinaison de l’excellent travail réalisé dans la voie des stands et de celui au volant nous a permis de signer un résultat inattendu. Et cette fois, Pierre a dû faire face à un défi peu commun pour repousser avec succès la Ferrari de Carlos Sainz tout en gérant les demandes d’économies de carburant venues du muret.

 

 

Pierre s’élançait onzième, aux portes des points. Après l’abandon d’Esteban, éliminé dans un contact avec Nico Hülkenberg et Franco Colapinto au tout premier virage, il portait seul nos espoirs.

 

 

Il passait son premier relais à chasser Kevin Magnussen dans une lutte devenant un duel direct chez les constructeurs. Sauf que Pierre restait en piste lorsque le Danois s’arrêtait pour chausser des pneumatiques durs.
« Nous avons d’abord un peu bataillé avec Kev », se rappelle Pierre. « J’étais dans sa boîte de vitesses, mais je sentais que j’étais plus rapide. Dès qu’il est rentré, nous avions tout simplement un superbe rythme.

 

 

J’allais de plus en plus vite à chaque tour, et ces médiums sur ma voiture étaient juste incroyables. J’ai vu que je mettais quatre dixièmes au tour à Fernando dès l’arrêt de Kev et trois à Kev et ses pneus durs neufs. Je ne voulais donc pas rentrer ! »

 

 

« Je savais que je pourrais bénéficier d’une voiture de sécurité, réelle ou virtuelle », poursuit le Français. « À ce stade de la course, je ne faisais que gagner du temps sur eux, donc je n’avais aucune raison de m’arrêter.

 

 

Nous nous sommes mis en position favorable en cas de neutralisation, et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Tout cela a évidemment permis à notre course de bien tourner. »

 

 

Pierre s’arrêtait au trente-cinquième tour comme la plupart des pilotes de pointe. Il était sixième dans la file lorsque Sergio Perez partait en tête-à-queue juste devant lui, l’obligeant à sortir large.

 

 

« J’ai essayé d’éviter tout problème, ce qui n’était pas simple comme Checo reculait sous mes yeux », raconte-t-il. « J’ai cru qu’il allait nous percuter, et j’ai joué la sécurité en passant dans les graviers et la poussière. Mes pneus n’étaient pas très propres dans le virage avant la relance et j’ai tiré tout droit au premier freinage. J’ai bloqué les deux pneus à l’avant tellement ils étaient sales ! »

 

 

Pierre perdait un peu de temps avant de reprendre rapidement la sixième position, qui devenait la cinquième lorsque Lando Norris effectuait son stop-and-go.

 

 

Sa mission se corsait toutefois lorsque nous lui avons demandé d’économiser de l’essence, une procédure classique à laquelle les pilotes sont souvent contraints. Pierre avait cependant fort à faire pour contenir la Ferrari de Carlos Sainz.

 

 

« Se battre contre une Ferrari juste dans ma boîte de vitesses tout en faisant du lift and coast, cela ne va pas vraiment ensemble ! », a-t-il admis. « Malgré tout, j’ai essayé de gérer cela du mieux possible. Et je voulais vraiment décrocher cette cinquième place. Je sais à quel point les points sont importants pour le championnat. »

 

 

Pierre devait alors faire preuve d’un pilotage éclatant pour défendre tout en gérant son carburant.

 


« Je crois que je peux identifier trois moments où il avait de bonnes chances de me dépasser », a-t-il expliqué. « J’ai dû prendre une décision entre couvrir l’intérieur ou l’extérieur. Il y a différentes façons de passer par là et je pense que je suis d’abord allé à l’intérieur avant de rester à l’extérieur. »

 

 

« La dernière à l’intérieur était un peu surprenante, mais j’étais plutôt content de ma défense et j’ai réussi à bien placer la voiture pour qu’il ne puisse pas me dépasser. C’était intense, parce qu’il était plus rapide. Je pense qu’il a fait une erreur dans le dernier virage. Il y a eu un tour où il était assez proche, et il a perdu une seconde. J’ai donc pu soulager plus à ce moment pour avoir un peu de marge, mais il est ensuite revenu juste derrière moi. Je ne me suis pas souvent battu pour la cinquième place cette année, et j’ai dû donner le meilleur de moi-même ! Et j’ai vraiment apprécié ce type de course. »

 


Le Normand a franchi la ligne d’arrivée sans encombre au cinquième rang. Malgré les deux points de la neuvième place pour Magnussen, nous avons ainsi repris l’avantage sur Haas au classement général.

 

 

« Je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir durant cette course », a déclaré Pierre. « Il y a eu beaucoup de tours où nous étions à fond, à la limite de l’adhérence, et nous avons essayé de tirer pleinement profit de la voiture, tout en surveillant le grainage et la dégradation des pneus. C’était un immense défi et je me sentais bien au volant. »

 

 

Ce résultat peu après celui du Brésil a aussi eu l’effet d’un coup de pouce pour tous, tant au sein de l’équipe de course qu’à Enstone et Viry-Châtillon.

 

 

« C’était une course géniale aujourd’hui », a ajouté notre Team Manager Oliver Oakes. « Je pense que nous étions un peu frustrés après les premiers virages. Nous n’avions pas le sentiment que tout nous avait échappé, mais que nous étions un peu sur la défensive. Je crois que ce premier relais, où Pierre est resté proche de Magnussen et l’a poussé au point de devoir changer de pneus alors que nous pouvions continuer, a été un véritable élément clé. Il y a ensuite eu la stratégie, la prise de décisions dans des moments de forte pression, puis la gestion de dernière partie de course. »

 

 

« Il était un peu frustré comme nous devions être un peu conservateurs dans certains domaines, mais il a fait de l’excellent travail. Et j’ai trouvé sa défense brillante face à Carlos. Je dois dire à Pierre qu’il a vraiment assuré et c’était beau à voir. Nous essayions d’aller au rythme d’une Ferrari, ce que nous ne ferions normalement pas ! Je pense que tout le monde doit être félicité, tous les membres de l’équipe. C’était vraiment génial de voir tout le monde travailler ensemble. »

 

 

Nous nous rendons désormais à Abu Dhabi avec cinq points d’avance sur Haas et quinze sur RB. Avec les débuts en F1 de Jack Doohan au côté de Pierre, le week-end s’annonce passionnant et riche en défis pour toute l’équipe.